La Forêt aux Mille Citrouilles
C’était les vacances d’automne. Le vent soufflait doucement, les feuilles jaunes tapissaient le sol comme un tapis doré, et l’air sentait la fumée de bois et la terre humide.
Un groupe de quatre amis — Zoé, Hugo, Clara et Malik — avait décidé d’explorer la fameuse Forêt aux Mille Citrouilles.
On racontait que chaque automne, des centaines de citrouilles poussaient là-bas toutes seules, sans que personne ne les plante. On en trouvait sous les arbres, au milieu des chemins, et même accrochées aux branches comme des fruits bizarres.
— “Regardez ! Celle-là ressemble à une grosse tête qui rigole !” dit Hugo en montrant une citrouille tordue.
— “Et celle-ci, on dirait qu’elle nous regarde…” ajouta Clara avec un frisson.
Ils riaient, lançaient des feuilles en l’air et sautaient par-dessus les citrouilles comme dans un jeu de marelle. La forêt semblait joyeuse, remplie de lumière orange.
Les premiers bruits étranges
Soudain, un son sourd résonna. “BOUM… BOUM…” comme un battement de cœur lointain.
Les enfants s’arrêtèrent.
— “C’était quoi ça ?” demanda Malik.
— “Peut-être un cerf ?” proposa Zoé, pas très convaincue.
Ils haussèrent les épaules et reprirent leur jeu. Mais quelques minutes plus tard, le bruit recommença, plus fort cette fois. “BOUM… BOUM… BOUM…”
Les feuilles mortes tremblaient au sol, et les citrouilles semblaient bouger légèrement, comme si elles respiraient.
— “Ok, ça, c’est pas normal,” dit Hugo, les yeux écarquillés.
La découverte
Guidés par le son, les enfants s’enfoncèrent dans la partie la plus sombre de la forêt. Les arbres étaient si serrés que presque plus aucune lumière ne passait.
Et là, ils la virent : une citrouille gigantesque, plus grosse qu’une maison, avec une bouche entrouverte qui grinçait comme une porte rouillée.
Des racines sortaient de son ventre, fouillant la terre comme des doigts. Ses yeux creusés brillaient d’une lueur rougeâtre, et à chaque “BOUM”, la citrouille semblait gonfler et respirer.
— “On… on devrait partir…” balbutia Clara.
Mais trop tard. La bouche s’ouvrit d’un coup dans un énorme craquement, et un souffle chaud emporta les feuilles autour d’eux.
La citrouille géante parlait, d’une voix grave et creuse :
— “Enfin… des enfants… vous sentez si… croquants…”
La fuite
La terre trembla. D’autres citrouilles plus petites roulèrent jusqu’à eux, entourant le groupe comme une armée silencieuse.
— “Courez !” cria Malik.
Ils s’élancèrent entre les troncs. Les citrouilles bondissaient, roulaient, sautaient comme si elles avaient des jambes invisibles. La forêt tout entière semblait vivante, grondant d’un souffle inquiétant.
Zoé trébucha sur une racine. Une citrouille fonça vers elle, mais Hugo la tira par le bras au dernier moment.
— “Vite, par là !” hurla-t-il en désignant un vieux pont de bois qui traversait un ruisseau.
Ils passèrent en courant, mais les citrouilles s’arrêtèrent net au bord de l’eau, comme si elles ne pouvaient pas la franchir.
De l’autre côté, haletants, les enfants se retournèrent. La grande citrouille géante, restée loin derrière, les fixait de ses yeux rouges. Puis, lentement, elle referma sa bouche et disparut dans l’ombre des arbres.
Le secret de la forêt
Essoufflés, ils s’assirent au bord du ruisseau.
— “C’était quoi… ce truc ?” souffla Clara.
— “Une citrouille vivante ? Un monstre ?” ajouta Hugo.
Malik sortit de sa poche un petit carnet trouvé au sol, près de la citrouille géante. Les pages étaient jaunies, couvertes d’une écriture tremblante.
“La Forêt aux Mille Citrouilles… abrite la Citrouille-Mère. Elle se nourrit de la peur des enfants. Mais elle ne peut jamais franchir l’eau…”
Zoé leva les yeux vers ses amis.
— “Ça veut dire qu’on n’était pas les premiers à tomber sur elle.”
Un silence lourd s’installa. Le vent soufflait dans les branches, et les feuilles mortes tourbillonnaient comme des spectres.
Puis Hugo se mit à sourire :
— “Bon… j’ai pas envie de finir en purée de citrouille. On garde le secret, ok ?”
Les autres hochèrent la tête.
Ils repartirent vers le village, le cœur battant encore de peur mais aussi d’excitation. Ils savaient qu’ils venaient de vivre quelque chose que personne ne croirait jamais.
Et pourtant… dans la forêt, entre les troncs, deux yeux rouges s’ouvrirent à nouveau.
🌙 Fin
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